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Message du président-directeur général

Hubert T. Lacroix

 

Nous sommes à l'ère où la connectivité numérique constante et sans frontières modifie déjà la manière dont les gens perçoivent le monde et tissent des liens entre eux. Nous pouvons maintenant rejoindre des dizaines de millions de personnes grâce à une simple publication sur Facebook! Pour réaliser son plein potentiel, CBC/Radio-Canada doit évoluer et non pas seulement survivre. Nous devons trouver le moyen de réussir dans cette ère de la postradiodiffusion traditionnelle. L'ensemble de l'écosystème canadien de radiodiffusion doit changer si nous voulons être en mesure de répondre aux besoins futurs de notre pays.

Les exemples de changement ne manquent pas autour de nous. Depuis le lancement de notre stratégie en juin 2014, nous avons vu un grand nombre d'acteurs du secteur privé de l'industrie des médias, dont Bell Média, Rogers, Shaw Communications, Star Media Group, Transcontinental, V, MusiquePlus, Québecor, Corus et Postmedia, annoncer des réductions d'effectifs ou la restructuration de leur organisation. Les réseaux de télévision traditionnels privés, qui essaient tous de s'adapter, ont déjà tiré la sonnette d'alarme, estimant que le système canadien de radiodiffusion doit évoluer.

Sur le front de la réglementation, tous les acteurs de l'industrie devront s'adapter aux décisions prises par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) dans le cadre de l'instance Parlons télé : une conversation avec les Canadiens. L'une de ces décisions – qui concerne ce qu'on appelle souvent « les services à la carte » ‒ constitue un bouleversement majeur du marché de la télévision. L'impact sur CBC/Radio-Canada est décrit plus en détail dans la section des faits saillants de la Société de ce Rapport annuel.

Partout dans le monde, l'heure est au changement dans l'industrie des médias, y compris les radiodiffuseurs publics étrangers. En mars 2015, lord Tony Hall, directeur général de la British Broadcasting Corporation (BBC), a dévoilé le plan que la BBC entend mettre en œuvre dans ce qu'il appelle « l'ère d'Internet », pour « réinventer encore une fois la BBC » qui est « à la croisée des chemins ».

L'Australian Broadcasting Corporation (ABC) réévalue les services qu'elle devrait offrir – et peut offrir – incluant son approche régionale et le nombre de stations qu'elle peut exploiter dans un contexte de compressions budgétaires de 477 millions de dollars. La Suisse a tenu un référendum le 14 juin pour transformer son modèle actuel de redevance et l'appliquer à tous les ménages et à toutes les entreprises du pays. La Norvège a annoncé qu'elle remplacerait la radio FM par des services numériques d'ici 2017. Enfin, en France, le gouvernement a approuvé un rapport proposant le renouvellement complet de la structure du service public de télévision en place depuis 40 ans.

Aucun de ces changements n'est entrepris pour le simple plaisir de la chose. Il s'agit de redéfinir la pertinence de nos services dans un univers où les voix sont de plus en plus nombreuses et bruyantes.

Bien que nous ayons de nombreux points en commun avec nos collègues de l'étranger, nous voulons, pour notre part, établir de manière très spécifique notre pertinence en assurant aux Canadiens qu'ils auront un espace bien à eux dans l'univers médiatique. En tant que seul radiodiffuseur public national du Canada, nous voulons être au cœur de cet espace.

Notre stratégie, Un espace pour nous tous, a pour objectif premier de faire en sorte que notre organisation puisse s'adapter continuellement aux besoins des Canadiens. Nous sommes conscients, toutefois, que tout le monde ne change pas au même rythme ou au même moment. C'est pourquoi nous n'abandonnons pas nos plateformes traditionnelles. En même temps, nous faisons des choix qui, bien qu'ils nous permettent de maintenir nos services actuels, nous donnent la possibilité d'investir dans les plateformes émergentes, maintenant et pour le futur.

Beaucoup de choses ont été dites – et seront dites – à propos de CBC/Radio-Canada et de sa transformation. Certains remettent en question publiquement nos décisions stratégiques et s'inquiètent de leur impact sur notre capacité à remplir notre mandat. Je respecte tout à fait leurs préoccupations. Après tout, c'est l'avenir de la radiodiffusion publique qui est en jeu. C'est précisément pour cette raison que nous avons pris les mesures qui nous semblaient nécessaires : pour que le radiodiffuseur public ait du succès, maintenant et dans le futur. Notre viabilité est au cœur de nos préoccupations, et je suis convaincu que nous sommes sur la bonne voie.

Le fait que plusieurs milliers de personnes soient descendues dans la rue ces derniers mois pour faire entendre leur voix montre à quel point CBC/Radio-Canada joue un rôle clé dans notre société et dans le quotidien du public. Je crois que le radiodiffuseur public est le plus à même de nous rapprocher les uns des autres et de mettre en valeur nos histoires, nos réussites et notre diversité comme jamais auparavant. C'est dans les moments clés de notre histoire que nous nous démarquons le plus. Je suis certain que CBC/Radio-Canada est et continuera d'être l'espace public au cœur de nos conversations et de nos expériences.

Hubert T. Lacroix
Président-directeur général